L’Ecole des parents : « Le sommeil des enfants » avec le CSEN (2)

– Retour sur la deuxième conférence de l’Ecole des parents 2023-2024 –

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Le mardi 14 novembre 2023, Kinga Igloi, maîtresse-assistante à l’université de Genève en neurosciences, spécialisée dans les domaines de l’apprentissage et de la mémoire et membre du Conseil Scientifique de l’Education Nationale (commission bien-être), est venue à la rencontre de la communauté éducative du Collège Sévigné pour proposer une conférence autour de la question du sommeil, du bien-être et des performances scolaires des enfants et des adolescents.

Mme Igloi a d’abord rappelé le caractère essentiel du sommeil. Tous les mammifères présents sur la Terre dorment. L’activité cérébrale durant le sommeil est particulière : cet état, où la sensibilité à l’environnement est réduite mais pas inexistante, est intimement lié aux questions d’apprentissage.

Elle est revenue, ensuite, sur les stades du sommeil, résumés par l’infographie suivante  :

Mme Igloi a attiré l’attention sur l’importance des phases du sommeil lent-profond qui n’existe qu’au début de la nuit jusqu’à 3h du matin environ. Ce sont les plus importantes pour la mémoire et la consolidation des apprentissages. Le moment du sommeil est un moment où nous consolidons les choses apprises durant la journée. Même lorsque nous pensons que notre cerveau est au repos, il réalise beaucoup de choses. Ne rien faire pendant 5 à 10 minutes permet à notre cerveau de travailler en profondeur. Par exemple, il est recommandé d’écouter de la musique plutôt que de regarder une vidéo car la musique laisse le cerveau divaguer.

Qu’en est-il du rythme de sommeil des adolescents ?

Pour les adolescents, le fait de se coucher et de se lever très tard ne permet jamais de rattraper leur manque de sommeil profond. Avoir un rythme de sommeil irrégulier n’est pas bon : en effet, la dette de sommeil n’existe pas. L’idée selon laquelle les adolescents rattraperaient leur manque de sommeil de la semaine durant le week-end ne se vérifie pas. Le cycle de la journée est aussi important à analyser : le maximum de vigilance est situé entre 9h et 12h et il y a une baisse de vigilance vers 14h, après le repas. Le cortisol, hormone liée au stress, augmente le matin, ce qui peut contribuer au réveil. Des problèmes de sommeil peuvent aussi être liés au stress. Par ailleurs, les hormones liées à la croissance sont importantes durant la nuit. Mal dormir peut donc jouer négativement sur la croissance.

Les recommandations de Mme Igloi pour que les adolescents n’aillent pas dormir trop tard sont les suivantes :

• Anticiper l’heure du dîner ;
• Expliquer aux enfants et adolescents le fonctionnement des cycles du sommeil et de leur cerveau ;
• Préserver un temps calme, sans écran, avant de dormir : l’exposition à la lumière bleue de nos appareils numériques (smartphones, tablettes, ordinateurs, télévision, …) bloque les fonctions de la mélatonine. Or, la mélatonine est l’hormone qui s’accumule la journée et qui fait que nous nous endormons le soir venu ;
• Utiliser un agenda de sommeil : l’enfant ou l’adolescent peut y noter ses heures de coucher et de lever, le décalage entre la semaine et le week-end ainsi que les humeurs aux différents moments de la journée. Cela permet, en lieu et place d’un discours moralisateur venant des adultes, de faire émerger chez l’adolescent lui-même une capacité d’observation et d’analyse de ses propres rythmes. Certains appareils connectés permettent également d’analyser son cycle de sommeil.

Une étude réalisée à Genève sur 300 enfants démontre que les adolescents dorment davantage lorsqu’ils arrêtent les écrans avant 21h.

Mme Igloi a évoqué ensuite la question des insomnies. Elle a rappelé qu’elles sont caractérisées par des problèmes de sommeils récurrents pendant plus de trois semaines comme par exemple des difficultés à trouver le sommeil ou à le maintenir tout au long de la nuit. Le traitement de l’insomnie peut être envisagé à travers plusieurs moyens :

• Avoir des horaires de sommeil plus réguliers ;
• Sentir la fatigue et s’écouter ;
• Faire du sport la journée, avant 20h (une étude est en cours) ;
• Réaliser des activités plus calmes le soir (relaxation, sudoku simples) ;
• Faire des compromis : par exemple, si l’heure du coucher imposée est contestée, autoriser uniquement une activité calme qui dépasse l’horaire en l’avançant progressivement ;
• Si l’enfant ou l’adolescent se lève très tôt (ex : 5h du matin), il faut le laisser se lever.

A l’instar de M. Borst lors de la précédente séance de l’Ecole des parents,

Kinga Igloi a évoqué l’idée d’un décalage des horaires de classe. En Suisse, par exemple, les cours commencent à 9h. Cela fonctionne si le reste de la famille est en mesure de suivre ce rythme et que les adolescents dorment réellement plus longtemps. Le rythme général de l’année scolaire a aussi été abordé : du point de vue du Quotient intellectuel (QI), une stagnation se produit lors des vacances et une augmentation du QI le reste de l’année. Le point de vue de Mme Igloi est de dire qu’il vaut mieux des vacances avec un peu d’activités d’apprentissage que leur raccourcissement. Les élèves peuvent avoir plus de mal à se remettre à travailler si aucune activité ne leur a été proposée durant leurs congés.

Finalement, Kinga Igloi a rappelé que le cerveau des enfants était très plastique. Un bon sommeil permet de bien récupérer de la journée, sauf si on observe de trop gros décalages lors du week-end.

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A la rentrée 2023, le Collège Sévigné inaugure “L’Ecole des parents”, une modalité nouvelle de rencontres entre l’établissement et les familles, ayant pour objectif de favoriser les échanges entre les adultes encadrants à l’école et les adultes encadrants à la maison.

Depuis son origine, le Collège Sévigné pratique la co-éducation : l’école a été créée par des parents d’élèves en 1880. Michel Bréal (1832 – 1915), linguiste et membre de la Société pour la Propagation de l’Instruction parmi les Femmes (SPIF), par exemple, compte parmi les fondateurs du Collège Sévigné et de l’Ecole Alsacienne, et sa fille, Clothilde Bréal (1870 – 1946) fut la toute première élève inscrite au Collège Sévigné.

Par ailleurs, la formule “Ecole des parents” n’est pas nouvelle. Elle a une histoire tout au long du XXe siècle : c’est Mme Marguerite Lebrun-Vérine qui crée en 1929 la première Ecole des parents toujours dans le but de créer les conditions d’une co-éducation réussie, reconnue d’utilité publique en 1956. Par la suite, en 1949 est également créée une revue du même nom toujours active aujourd’hui. 

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